mardi 1 juillet 2014

Enquête sur la condition du jazz à Paris

Vendredi soir, dans un café-musique du début de la rue de Flandres (« Le Zèbre dans le Patio »)  le saxophoniste Jef Sicard  a convié personnellement plusieurs amis à venir assister à un concert qu'il donnait avec son nouveau quartet en hommage à Horace Silver.

J’arrive un peu après 22 h. Il fait bon dehors, les gens sont en terrasse d'où l'on n’entend pas la musique. Peu de monde à l’entrée et dans l’arrière-salle qui prolonge le bar et où joue le groupe. Un public de 6 personnes qui fluctuera autour de la dizaine au cours de la soirée, le maximum vers la fin quand les gens du bar commenceront à être happés par la musique. Les copains que je pensais retrouver ne sont pas là et ne viendront pas.

L’orchestre joue bien et je suis rapidement captivé par la qualité de la prestation individuelle de chaque musicien et par tout ce qui fait le charme du jazz, les thèmes bien sûr, mais surtout l’improvisation, cet art de l’entente immédiate au sein d’un groupe où chacun prend sa place, puis l’échange avec un autre, n’est jamais bridé même quand il est accompagnateur, dans l’aventure de la création musicale instantanée. 

Le jazz s’est  associé depuis pas mal de temps, à mes oreilles en tout cas, à quelque chose de pontifiant. Je crains un peu ce retournement bien-pensant qui est devenue le lot de cette musique inouïe, ce ronron qui caractérise trop souvent le concert de jazz durant lequel les musiciens restent empêtrés dans une musique qu’ils jouent mais qui les dépasse. Je sais aussi que Jef ne fait pas partie de cette race-là. 

Et on assiste ce soir-là justement à quelque chose de sensationnel. Les musiciens délivreront pour ce maigre mais attentif public une prestation qui gagne en intensité et au lieu de se laisser gagner par un quelconque découragement ils arriveront à se dépasser grâce à leur musique. Je pense qu’Horace aurait aimé.  J'ai eu l'impression que personne, surtout pas les musiciens, ne semblait étonné outre mesure de l'absence de public.
Ainsi va le jazz.

J’ai enregistré avec un appareil photo compact l’exposition du thème « Lonely woman » d’Horace Silver, puis plus de charge…
Lonely woman. Jef Sicard 4tet (thème) from greg ba on Vimeo.
enregistré avec un compact au Zèbre dans le Patio, rue de Flandres, Paris. 27062014

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