mardi 30 septembre 2014

Bonnes nouvelles sur l'état de la Justice


Le procureur de la République a requis de 3 à 10 ans d’emprisonnement à l’encontre de deux femmes qui avaient lancé des oeufs dans la rue à Ankara en 2012 sur le maire de la ville, Melih Göçek, en protestation contre ses déclarations anti-avortement.
L’accusation de « menaces, insultes à fonctionnaire public » s’aggravant, du fait que la veste du maire a été tachée par les oeufs, de « détérioration de biens ». 

samedi 27 septembre 2014

L'Ile Pointue

 Il y a de cela quelques mois, durant la campagne électorale pour l’élection présidentielle, deux amis qui étaient allés en bateau à l’île aux Chiens (ou ile Pointue) au large de l’entrée du Bosphore, île déserte, ont eu la surprise de se retrouver nez à nez avec deux embarcations bourrées d’islamistes qui les ont fait fuir en diffusant à tue-tête des discours d’Erdogan.
A Istanbul, comme ailleurs en Turquie, les aspirants-djihadistes s’affichent d’une manière plus agressive qu’auparavant. En bénéficiant de soutiens multiples de la part de certains maires conservateurs, de la police, etc.. ils apparaissent au détour de l’actualité pour des affaires comme celles décrites ci-dessous.
A Beyazit, sur le campus de l’Université d’Istanbul, un groupe de 15 personnes d’une organisation nommée Jeunesse Musulmane a attaqué à coup de bâtons hérissés de clous un stand anti-EI. 
A la mosquée de Fatih, mosquée emblématique,  une prière pour les djihadistes de l’EI qui ont trouvé la mort, a été organisée par des sympathisants. Après la prière du vendredi, des drapeaux de l’organisation ont été déployés, sous couvert de soutien au peuple syrien. 
Certains ont déclaré «  Nous sommes à côté de ceux qui se battent pour le djihad en Syrie et en Irak. Ceux qui ont trouvé la mort sont des martyrs sur la voie d’Allah ». (…)
Durant la manifestation, on a remarqué des enfants brandissants des drapeaux de l’EI.
Avec un tel handicap dans sa botte, le comportement du gouvernement turc face au calife de Rakka semble promise à des boitillements qui finiront par confirmer ce que l’on voit déjà. L’immobilisme de l’armée face à l’assaut lancé par l’EI contre les kurdes syriens et qui aurait fait plus de 160 000 réfugiés, que la Turquie a été contrainte d’accueillir, ne présage rien de bon. Les centaines de kurdes, venus de toute la Turquie, pour participer (les mains nues !!) à la défense du Rojava (région kurde « libérée » de Syrie) que la police et l’armée tentent d’empêcher de passer la frontière, non plus. 
(Au passage, ce sont ces mêmes kurdes qui ont réussi à se créer des corridors dans l’encerclement du mont Sincar, avant l’assaut de l’EI contre les Yezidis, et qui ont permis à ces derniers de s’enfuir en partie vers la Turquie).
Le seul personnage de la vie politique turque qui articule un discours conscient, crédité de 8% des votants à l'élection présidentielle, le kurde Selahattin Demirtas, a beau jeu d’interpeller le gouvernement sur le fait que si ce n’était ni des Yezidis, ni des kurdes, qui étaient ainsi agressés, mais par exemple des azeris, on s’agiterait plus.
Je me risque à penser que le peu d’empressement à faire quelque chose d’utile - et cela au détriment des intérêts à très court terme de la Turquie qui se retrouve avec un si funeste voisin - finira par prendre le gouvernement turc par les couilles. En attendant, quel spectacle pourra-t-il servir à ses insistants « alliés » pour faire preuve de sa bonne volonté ?



mardi 16 septembre 2014

Djihadistes d'Ankara


Dans l’un des plus pauvres quartiers de la capitale turque, Can qui avait passé une grande partie de sa jeunesse accro aux drogues, ne pensait pas qu’il avait grand chose à perdre en partant pour la Syrie rejoindre les groupes djihadistes, en compagnie d’un ami d’enfance.
Il a  27 ans, quand il est envoyé au feu après 15 jours d’instruction dans un camp d’entrainement à Rakka. Il a tué deux hommes et a participé à une exécution publique, durant laquelle les militants de l’EI, lui ont assuré qu’il fallait enterrer un homme vivant pour devenir un guerrier accompli de la cause.
« Là-bas faire la guerre c’est comme rentrer en transe » dit Can, qui ne veut pas dire son nom par peur de représailles.
 « Tous crient «  Allahu ekber » et ça vous procure une force mystique pour tuer l’ennemi sans peur du sang ou des entrailles répandues » explique Can.
(…) Malgré les centaines d’étrangers qui rejoignent le djihad, le plus grand fournisseur reste la Turquie. (…)
Un quartier moyenâgeux du centre touristique d’Ankara, Hacibayram, est même devenu depuis l’année dernière un centre de recrutement pour l’EI. Les habitants estiment qu’au moins cent personnes du quartier sont partis pour participer à la guerre.
Le muhtar du quartier a raconté que tout avait commencé avec l’apparition d’un étranger barbu et qu’ensuite tous les drogués de Hacibayram s’étaient mis à se rendre à la mosquée.
Un des premiers qui dans le quartier  à rejoint l’EI,  s’est élevé en 3 années jusqu’au grade de commandant régional de Rakka. Les habitants ont assuré qu’il revenait à Ankara régulièrement et qu’il ne manquait pas à chacun de ses retours en Syrie d’emporter avec lui des recrues. Les jeunes du quartier n’ont pas manqué d’être sensibles à ses photographies les armes à la main, postées sur internet.
L’agressivité avec laquelle est menée la « réhabilitation urbaine » dans le quartier a mis à terre, l’année dernière, la seule école du quartier, encourageant les jeunes à passer plus de temps devant internet. Un habitant dépendant des aides gouvernementales pour vivre, a déclaré : « il y a actuellement dans le coin sept mosquées et pas une seule école. La vie des enfants ici, est si vide qu’ils peuvent se trouver n’importe quel prétexte pour participer à n’importe quoi. »
Dans un bâtiment en ruines deux enfants jouent à la guerre. Un enfant syrien passe à proximité il est poursuivi, mis à terre et frappé avec les armes en plastique. « Je vais te tuer » crie l’un tandis qu’un autre lassé, s’éloigne en criant que les jouets c’est chiant et que chez lui il a de vraies armes.
Le père de l’enfant déclare qu’il soutient entièrement l’EI et qu’il attend que ses enfants grandissent encore un peu pour réaliser son souhait de les envoyer à Rakka.
Can, avec deux des 10 amis qui avaient pris la route du djihad, est retourné à Ankara après 3 mois passés à Rakka. «  L’Ei sont des sauvages. Ils interprètent le Coran comme ça les arrange. Jamais Dieu n’a donné l’ordre de tuer des musulmans. » dit-il pour montrer à quel point il a changé.
(…)
Il ajoute : « quand vous combattez ils vous donnent 150 $ par jour. Et tout est gratuit. Même les boutiquiers par peur vous donnent tout gratuitement ».
(…)


D’après un reportage du NY Times traduit dans radikal.com.tr

lundi 15 septembre 2014

Saturne dévoré par ses enfants


Interrogé dans la foulée des décès récurrents de jeunes et d'adolescents à cause d'overdose de « Bonzaï », cannabis synthétique dans lequel il y a on ne sait pas trop quoi, mais certainement pas mal de merde,
le professeur Ayhan Aktar, de l’université Bilgi a déclaré dans un interview :
" Ces treize dernières années, le gouvernement AKP a multiplié par deux la part des classes moyennes dans la population turque ( de 21 à 41% ). C’est aussi pour ça qu’il reçoit des voix. Les classes moyennes sont, partout dans le monde, connues pour être des bons vivants. Toujours affamées, jamais rassasiées. Produits de maquillage, fringues, etc..
Le type pauvre lui, ne peut pas aller ni au resto ni boire une bière. 
Avec l’explosion de la consommation en Turquie, l’élargissement de la classe moyenne est visible à travers les créations d’ AVM (centres commercial), le nombre de voitures neuves vendues.
La chute du nombre de votants au cours du dernier vote, est lui aussi imputable à cette évolution. Les partisans de l’AKP aussi, sont partis en vacances, pas seulement les CHP.
Cette classe moyenne recherche des lieux pour se divertir. Dans l’état des choses, il est normal qu’un étudiant veuille sortir une ou deux fois par semaine avec des amis dans certains lieux qu’il affectionne.
Prenons un exemple : si dans un café il boit deux grandes bières, avec quelques amuse-gueule, l’addition s’élève entre 30 et 40 livres. C’est au dessus du budget moyen d’un étudiant. Cette politique de taxes exagérées sur l’alcool engendre une très sérieuse gêne en Turquie. La taxe est de 52% sur la bière, de 55% sur le raki, de 25% sur le vin. Dans le cas où vous empêchez les possibilités de socialisation par la politique des prix, les jeunes vont glisser vers d’autres voies. Et là on se retrouve face de cette réalité amère qu’en dehors de l’alcool, les produits dopants de substitution sont les drogues synthétiques dont le BonzaÏ.
Selon les recherches il n’y a aucun risque de développement de l’alcoolisme dans notre pays. 83 % de la population ne boit jamais d’alcool, seuls 17 % en boit et une part importante de ces 17% ne boit qu’en groupe, à l’occasion de mariages, d’anniversaires divers, de fêtes sociales, En situation de socialisation on consomme de l’alcool. Ce n’est pas pensable de qualifier ces gens d’alcooliques comme le stigmatise la direction de l’Akp. Malheureusement, tandis que l’on essayait d’enfermer les jeunes chez eux en réduisant les lieux où ils pouvaient aller respirer comme bon leur semblait, on entrouvrait la porte du glissement vers les drogues synthétiques.(..) Le bonzaï est moins cher que la bière. Tout est dit.

Bien que le nombre de consommateurs soit si faible, il y a un véritable emballement dans l’industrie vinicole. Pourquoi ? Les femmes ont commencé à boire du vin. En général, pour s’endormir..
(...)
Parmi les autres politiques mises en oeuvre il y a les interdictions liées à la cigarette. Bien sûr la cigarette est nocive. Il est interdit de fumer quand on conduit mais bouffer un hamburger ou boire un coca est permis ! Selon moi il y a derrière toutes ces interdictions un conservatisme alaturka.

Un des traits les plus manifestes de la culture dominante des pays du moyen-Orient est l’hypocrisie. Les populations moyen-orientales encouragent l’hypocrisie.
(…) 
Les codes culturels de ce pays disent aux jeunes : au lieu d’aller boire deux bières avec des amis dans une brasserie, reste dans ta chambre et prend ce que tu veux. Tu ne va pas tituber en marchant, tu ne pueras pas de la gueule. On ne se rendra compte de rien. Nos codes culturels ont ouvert la voie à la diffusion en masse de l’usage des stupéfiants.
Par certains côtés, le pouvoir Akp à des airs du règne du sultan Abdulhamid II.  A son arrivée au pouvoir, lui non plus n’avait pas de cadres pour son administration. Il a ouvert des écoles pour produire les bureaucrates nécessaires. Il a réformé l’Académie Militaire. De ce fait, le fils d’un fonctionnaire des douanes appartenant à la classe moyenne, Mustafa Kemal, et le fils d’un fonctionnaire des sciences, Enver, ont été dans ces écoles. Dans ces écoles ces étudiants ont été confrontés à d’autres manières de penser. Et puis ils ont renversé en 1908, le sultan qui leur avait donné cette opportunité. N’ayez aucun doute, ce sont les classes moyennes engendrées par l’Akp qui le renverseront.
A l’époque du parti unique, dans l'entre-deux guerres, les Instituts de Village crées par les kemalistes pour produire des fidèles à sa cause, n’ont pas eut l’effet escompté. De ces Instituts est sorti toute une troupe de gauchistes. Pour moi, le développement des écoles religieuses aujourd’hui produira le même effet pour l’Akp que les Instituts de Village pour les kémalistes. Il n’y a aucune règle qui permettrait de croire que ces écoles produiront le style de type attendu par ses promoteurs. Il y en a qui boiront de la bière ! A l’époque des Lumières en Europe les plus fervents athéistes étaient d’anciens séminaristes.
Le centre de loisirs des 14 millions de gens d’Istanbul se trouve à Beyoglu et dans sa périphérie.
Le samedi soir pour reprendre le pont sur le Bosphore on se retrouve coincé dans les embouteillages, même à 2h du matin, à cause du fait qu’on a interdit la liaison maritime Kabatas-Üsküdar. Dans les années 1970  il y en avait toute la nuit. 
L’administration publique te dit ceci : si tu veux aller à Beyoglu il faut que tu rentres à 1h du matin. 
Tout ça c’est des petits détails, mais avec une tête pareille, c’est difficile de gouverner un pays dans lequel la classe moyenne a pris autant d’importance. 
En se disant je vais créer des générations musulmanes et satisfaire mon petit milieu d’amis islamistes, on risque de prendre des mauvaises décisions. (...) Et ensuite elles vous reviendront sous la forme de « bonzaï » au visage. 




http://www.taraf.com.tr/haber-buyrun-bonzai-namazina-163728/

samedi 13 septembre 2014

Service Public, c'est bon pour les affaires


Le troisième aéroport d'Istanbul à la capacité surdimensionnée, actuellement en chantier, peut-il s'avérer non-rentable ?
Le précédent de l'aéroport de Kütahya, à l'inauguration duquel R.T. Erdogan s'était publiquement félicité " qu'il n'avait rien couté aux finances publiques ", et qui s'avère à l'usage un gouffre pourrait le laisser craindre.
La garantie offerte par l'état que celui-ci drainerait par an un trafic de 850 000 passagers - chiffre  supérieur à la population régionale ( 572 000 ) - lui a couté cette année 4,1millions d'€, le trafic enregistré n'étant pas supérieur à 84 000 passagers.
La gestion de l'aéroport ayant été accordée pour 30 ans, l'état devrait combler le déficit de l'exploitant durant les 29 années restantes, selon les estimations une facture de 200 millions d'€.
Sachant que la construction de l'aéroport a couté à la firme exploitante 50 millions d'€, ça reste intéressant. A ce niveau il est difficile de croire qu'il s'agit d'incompétence, ne reste que la complaisance.
Source : http://www.taraf.com.tr/haber-yap-islet-soy-duzeni-163656/

mardi 9 septembre 2014

10 morts sur le chantier du Torun Center (suite)


Prometteur promoteur..

L’entrée des chantiers du Torun Center bouchée et gardée par les flics, qui semblent apprécier l’environnement.



150 ouvriers seraient retenus à l’intérieur du chantier par les promoteurs, la plupart ont eu peur de participer à la manifestation contre leurs conditions de travail, tandis que tous ceux qui manifestaient auraient été renvoyés.


lundi 8 septembre 2014

Rotation accélérée du capital de dettes


Il est assez déprimant ce blog, et je m'en veux de servir un tel vomi à mes lecteurs. Cela fait assez longtemps que l'étalage du scandale permanent auquel on est confronté, n'engendre pas grand chose d'autre qu'un effarement impuissant, réalimenté quotidiennement par de nouvelles incuries qui ne débouchent sur rien d'autre que l'acquittement des responsables et la répression des victimes.
Je suis donc sincèrement outré d'avoir à vous administrer la dose massive du jour.
Samedi 6 septembre, un ascenseur de chantier transportant 10 ouvriers du bâtiment a chuté du 32ème étage les tuant sur le coup. Comme d'habitude les ouvriers s'étaient plaints du manque de maintenance sans que rien ne soit entrepris. Sur ce chantier prestigieux, sis à l'emplacement de l'ancien stade de Galatasaray - offert à un ami d'enfance de R.T. Erdogan, le désormais patron de holding, Aziz Torun - la pratique usuelle est de payer les amendes pour non-respect des normes, sans que rien ne s'ensuive dans la marche du chantier.
La loi fixant la fin du travail sur le chantier à 19 h n'était pas respectée, on y travaillait 24h/24, les ouvriers logés sur place dans les conditions habituelles de dénuement.
Un tweet posté en mai par la Chambre Médicale d'Istanbul prévenait : "Nous déclarons que malheureusement sur ce chantier nous devons dès à présent nous attendre à perdre 8-10 personnes".
La conférence de presse où s'est pavané le CEO de l'entreprise a déclaré entre autres démentis, que "les accidents du travail mortels sont une fatalité dans ce secteur industriel "! et qu'une formation sur la sécurité de 16 heures était dispensée pour chaque ouvrier pénétrant sur le chantier, laissant entendre que ce serait les ouvriers qui auraient fait preuve d'imprudence. Son modèle et ami R.T.E avait déjà utilisé le même argument de la fatalité à propos des "accidents inévitables dans ce secteur d'activité", à l'occasion de la catastrophe minière de Soma où plus de 300 mineurs avaient perdu la vie cet hiver dans les mêmes conditions de négligence et d'impunité. Le secrétaire général du syndicat DISK a rétorqué que la dite formation de sécurité ne durait qu'une heure et que de surcroît elle était facturée 35 € à l'ouvrier. Un ouvrier a déclaré qu'elle accordait moins le droit de travailler que celui de mourir.

dimanche 7 septembre 2014

6-7 septembre 1955

C'est aujourd'hui l'anniversaire de l'agression programmée du 6-7 septembre 1955 contre les non-musulmans d'Istanbul, perpétuée par des groupes d'émeutiers réunis à cet effet dans diverses villes  d'Anatolie  et transportés sur Istanbul. Durant lesquelles 4214 maisons, 1004 commerces et entreprises dont des usines, des hôtels, des bars, 73 églises, une synagogue, 2 monastères, 26 écoles, ont été saccagés. 30 grecs d'Istanbul ont trouvé la mort, 300 blessés, on estime le nombre de viols supérieur à 200. La police non seulement n'a pas défendu les commerces attaqués mais a participé de près à l'organisation.  Le but des dirigeants de l'époque ("Parti Démocrate") était de déclencher ce chaos pour proclamer la loi martiale. Cet événement sonna pour de bon la fin de la communauté grecque d'Istanbul qui émigra en masse.

Assez symptomatique de la persistance des méthodes de gouvernance qui ont toujours fait leurs preuves,  ce matin à Besiktas(Istanbul), un groupe de travailleurs municipaux en grève depuis 50 jours qui tenait un meeting dans un parc en compagnie de leurs familles et de sympathisants, a été attaqué par un groupe de civils amenés sur place par autocars, armés de pierres, de bâtons, et de ceinturons. Ce qui a occasionné plusieurs blessés parmi les participants. A la suite de quoi sont intervenus des forces de police anti-émeute qui ont lancé quelques cartouches de gaz lacrymogène sur les blessés et ceux qui tentaient de leur venir en aide. Pendant ce temps le groupe d'agresseurs a été évacué par des véhicules prévus à cet égard. Aucun membre du groupe agresseur n'a été interpellé.
Afin de mettre un peu de piquant dans cette affaire assez banale en Turquie - d'autant plus aujourd'hui - il faut souligner que Besiktas est un des bastions du premier parti d'opposition (qualificatif à employer avec grosses pincettes) le CHP, célèbre pour son incapacité proverbiale à articuler un quelconque discours crédible qui manifesterait ses capacités à prendre en compte les problèmes récurrents de la société - sans même parler de ceux qui sont plus contemporains - et notoirement aussi corrompue quand l'occasion se présente, que son flamboyant concurrent au pouvoir, l'AKP.
Donc le maire est CHP. Les travailleurs municipaux sont à + de 90 % encartés au CHP. Mais les directives concernant la gestion municipale ne différent en rien de celles d'une quelconque  entreprise. On sous-traite donc le boulot à des boîtes extérieures ("souplesse", syndicalisation faible).
Que le maire fasse intervenir des barbouzes pour intimider des grévistes appartenant à son parti, est vécu avec incrédulité par nombre de manifestants, tandis que d'autres, moins abattus, manifestent leur exaspération. L'intervention des flics, elle, continue.

samedi 6 septembre 2014

La police turque, complice des djihadistes

Un journaliste, Mehmet Bozkurt, arrêté et retenu au commissariat d'Urfa, a passé 8 heures en compagnie de 30 djihadistes qui avaient été arrêtés autour de la frontière turco-syrienne par les gendarmes et livrés à la police depuis environ 2 mois Majoritairement arabes (+ quelques tchéchènes et un qui s'exprimait en français), ils se déplaçaient à leur guise dans le commissariat, équipés des derniers modèles de smartphones sur lesquels ils écoutaient des chants religieux. Mehmet, qui ne pouvait cacher son étonnement, demanda à un policier quand seraient-ils déférés devant le procureur. La réponse du policier :
" On les retiens par précaution. Ils ne sont pas en garde à vue. On ne sait pas quand on va les libérer. On attend les ordres d'Ankara. "
Par précaution, la seule cellule fermée fut réservée à Mehmet, les autres étant dans des cellules toujours ouvertes. Les militants de l'état islamique faisaient la loi dans le commissariat, interdisant aux autres détenus de fumer du tabac. Ils auraient même menacé un policier qui fumait, ce qui aurait entrainé une sérieuse bagarre verbale. Les policiers du commissariat passaient leur temps libre avec les prisonniers et ne semblaient pas s'en plaindre. Avant d'être transféré chez le procureur, Mehmet est témoin de la prière collective des militants et ne manque pas d'être surpris de leur façon de prier différente des turcs," à la manières des femmes en se tenant la poitrine".

vendredi 5 septembre 2014

Petit déjeuner

Le passage par la Turquie, qui reste l'antichambre et l'hôpital des djihadistes, est le point de passage principal de tous les whities aspirants à l'horreur. Rappelé à l'ordre pour sa passivité, la Turquie a soi-disant adopté des mesures plus restrictives pour la surveillance de la frontière syrienne afin de filtrer les djihadistes. Celles-ci n'ont eu apparemment comme seul effet que de faire grimper le prix demandé par les passeurs qui a bondi de 10 $ à 25$. (Bloomberg News)
A ce prix-là, ça reste avantageux.

L'extermination des gülenistes continue avec la mise à mort de Bank of Asia, première capitalisation parmi les banques "islamiques"de Turquie avant le mois de décembre ( mois des révélations sur le système Erdogan). L'administration turque a coupé les ponts et fermé ses comptes auprès de la banque. Les déposants ont suivi le mouvement, ce qui a mis la banque à genoux et a entrainé la suspension de la cotation en bourse par le BDDK (comité de régulation et de contrôle bancaire) qui, de surcroit, empêche toute autre banque de s'en porter acquéreur.

jeudi 4 septembre 2014

Ah les beaux jours !

L'élection de R.T. Erdogan à la présidence de la république une fois acquise, l'offensive contre les procédures lancées contre son fils Bilal et lui-même, basée sur des écoutes téléphoniques dans lesquelles il est question de dissimuler au plus vite d'énormes quantités d'argent présentes au domicile de Bilâl avant une possible perquisition policière lancée par ses anciens alliés gülenistes au sein de la Magistrature et de la police - au prétexte de lutte contre la corruption généralisée du système mis en place par son parti -  ont été purement et simplement annulées. De surcroît, tous les acteurs (accessibles)  à l'origine de ces opérations anti-corruption se retrouvent en prison ou écartés.
Toutes les affaires mettant en cause les incompétences, les exactions des policiers durant les manifestations, ou les arrangements hors-la-loi des affidés du système suivent le même sort.
Que tous ceux qui croient encore à un quelconque changement de direction de R.T. Erdogan, une fois celui-ci devenu président, se cachent. La dictature basée sur la démocratie, une fois celle-ci réduite aux nombre de votants, fait plus que jamais recette. Pendant ce temps, chez les nombreux  partisans du mode de vie prôné par l'ancien premier ministre, rien ne parait entacher la confiance accordée à celui-ci.
Normal, on ne va pas se chier dessus.
Quant à ceux qui n'adhèrent pas à une telle société, une grande majorité semble s'y résigner comme à quelque chose d'inéluctable.
Les irrégularités sont telles que les ministres font mine de s'inquiéter des conséquences qu'elles peuvent entrainer pour la "Nouvelle Turquie" (qui ne fait qu'entériner et généraliser les pratiques de l'ancienne). Alors que le nombre de logements neufs invendus a dépassé le chiffre d'un million, on attend à la rentrée le lancement de  nouveaux programmes de construction de cités, soutenus par de grosses campagnes publicitaires. Le profit facile à se faire dans le bâtiment détourne les investisseurs de l'industrie, s'inquiète le ministre concerné.