vendredi 6 novembre 2009

De la belle ouvrage, du bel outrage


Je rencontrais parfois Ghérasim Luca.
C'était un ami de Gérard Nassoy, contrebassiste et
passionné du paradoxe. Il me l'avait présenté comme
un poète surréaliste et non embrigadé,
Gérard avait improvisé sur les poèmes de Ghérasim et
ils en avaient tous deux gardé un très bon souvenir et
parlaient souvent de remettre ça.
On se retrouvait dans la boutique de Claude Benayer sur
le quai, qui tenait plus du salon et où l'on jouait souvent
à improviser avec les instruments disponibles (flutes,
percussions, boites d'allumettes, etc) entre deux thés
deux joints et surtout des bavardages sans limites.
A l'époque il m'apparaissait comme un "vieux" vraiment cool,
aux raisonnements encore plus farfelus que les miens.
C'était un poète d'envergure à la personnalité unique
mais qui parfois m'agaçait, comme c'était souvent le cas
à l'époque pour tout ce qui me semblait s'être figé en procédé.
Ses poèmes déroulaient un incroyable bégaiement visionnaire
sans fin, et étaient faits pour la déclamation.

Selon ses proches, gravement déprimé par le cours du monde et
l'expulsion de son appartement qui venait de lui être notifié,
il se jeta dans la Seine le 9 février 1994.

En tout cas je n'avais jamais vu ses collages qui sont exposés
par la galerie l'Usine
102 boulevard de la Villette 75019
dans une exposition préparée par la femme de Ghérasim :
Catty, peintre, qui y présente également ses propres oeuvres.
L'expo dure jusqu'au 13 novembre 2009.