mardi 16 septembre 2014

Djihadistes d'Ankara


Dans l’un des plus pauvres quartiers de la capitale turque, Can qui avait passé une grande partie de sa jeunesse accro aux drogues, ne pensait pas qu’il avait grand chose à perdre en partant pour la Syrie rejoindre les groupes djihadistes, en compagnie d’un ami d’enfance.
Il a  27 ans, quand il est envoyé au feu après 15 jours d’instruction dans un camp d’entrainement à Rakka. Il a tué deux hommes et a participé à une exécution publique, durant laquelle les militants de l’EI, lui ont assuré qu’il fallait enterrer un homme vivant pour devenir un guerrier accompli de la cause.
« Là-bas faire la guerre c’est comme rentrer en transe » dit Can, qui ne veut pas dire son nom par peur de représailles.
 « Tous crient «  Allahu ekber » et ça vous procure une force mystique pour tuer l’ennemi sans peur du sang ou des entrailles répandues » explique Can.
(…) Malgré les centaines d’étrangers qui rejoignent le djihad, le plus grand fournisseur reste la Turquie. (…)
Un quartier moyenâgeux du centre touristique d’Ankara, Hacibayram, est même devenu depuis l’année dernière un centre de recrutement pour l’EI. Les habitants estiment qu’au moins cent personnes du quartier sont partis pour participer à la guerre.
Le muhtar du quartier a raconté que tout avait commencé avec l’apparition d’un étranger barbu et qu’ensuite tous les drogués de Hacibayram s’étaient mis à se rendre à la mosquée.
Un des premiers qui dans le quartier  à rejoint l’EI,  s’est élevé en 3 années jusqu’au grade de commandant régional de Rakka. Les habitants ont assuré qu’il revenait à Ankara régulièrement et qu’il ne manquait pas à chacun de ses retours en Syrie d’emporter avec lui des recrues. Les jeunes du quartier n’ont pas manqué d’être sensibles à ses photographies les armes à la main, postées sur internet.
L’agressivité avec laquelle est menée la « réhabilitation urbaine » dans le quartier a mis à terre, l’année dernière, la seule école du quartier, encourageant les jeunes à passer plus de temps devant internet. Un habitant dépendant des aides gouvernementales pour vivre, a déclaré : « il y a actuellement dans le coin sept mosquées et pas une seule école. La vie des enfants ici, est si vide qu’ils peuvent se trouver n’importe quel prétexte pour participer à n’importe quoi. »
Dans un bâtiment en ruines deux enfants jouent à la guerre. Un enfant syrien passe à proximité il est poursuivi, mis à terre et frappé avec les armes en plastique. « Je vais te tuer » crie l’un tandis qu’un autre lassé, s’éloigne en criant que les jouets c’est chiant et que chez lui il a de vraies armes.
Le père de l’enfant déclare qu’il soutient entièrement l’EI et qu’il attend que ses enfants grandissent encore un peu pour réaliser son souhait de les envoyer à Rakka.
Can, avec deux des 10 amis qui avaient pris la route du djihad, est retourné à Ankara après 3 mois passés à Rakka. «  L’Ei sont des sauvages. Ils interprètent le Coran comme ça les arrange. Jamais Dieu n’a donné l’ordre de tuer des musulmans. » dit-il pour montrer à quel point il a changé.
(…)
Il ajoute : « quand vous combattez ils vous donnent 150 $ par jour. Et tout est gratuit. Même les boutiquiers par peur vous donnent tout gratuitement ».
(…)


D’après un reportage du NY Times traduit dans radikal.com.tr

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