samedi 27 septembre 2014

L'Ile Pointue

 Il y a de cela quelques mois, durant la campagne électorale pour l’élection présidentielle, deux amis qui étaient allés en bateau à l’île aux Chiens (ou ile Pointue) au large de l’entrée du Bosphore, île déserte, ont eu la surprise de se retrouver nez à nez avec deux embarcations bourrées d’islamistes qui les ont fait fuir en diffusant à tue-tête des discours d’Erdogan.
A Istanbul, comme ailleurs en Turquie, les aspirants-djihadistes s’affichent d’une manière plus agressive qu’auparavant. En bénéficiant de soutiens multiples de la part de certains maires conservateurs, de la police, etc.. ils apparaissent au détour de l’actualité pour des affaires comme celles décrites ci-dessous.
A Beyazit, sur le campus de l’Université d’Istanbul, un groupe de 15 personnes d’une organisation nommée Jeunesse Musulmane a attaqué à coup de bâtons hérissés de clous un stand anti-EI. 
A la mosquée de Fatih, mosquée emblématique,  une prière pour les djihadistes de l’EI qui ont trouvé la mort, a été organisée par des sympathisants. Après la prière du vendredi, des drapeaux de l’organisation ont été déployés, sous couvert de soutien au peuple syrien. 
Certains ont déclaré «  Nous sommes à côté de ceux qui se battent pour le djihad en Syrie et en Irak. Ceux qui ont trouvé la mort sont des martyrs sur la voie d’Allah ». (…)
Durant la manifestation, on a remarqué des enfants brandissants des drapeaux de l’EI.
Avec un tel handicap dans sa botte, le comportement du gouvernement turc face au calife de Rakka semble promise à des boitillements qui finiront par confirmer ce que l’on voit déjà. L’immobilisme de l’armée face à l’assaut lancé par l’EI contre les kurdes syriens et qui aurait fait plus de 160 000 réfugiés, que la Turquie a été contrainte d’accueillir, ne présage rien de bon. Les centaines de kurdes, venus de toute la Turquie, pour participer (les mains nues !!) à la défense du Rojava (région kurde « libérée » de Syrie) que la police et l’armée tentent d’empêcher de passer la frontière, non plus. 
(Au passage, ce sont ces mêmes kurdes qui ont réussi à se créer des corridors dans l’encerclement du mont Sincar, avant l’assaut de l’EI contre les Yezidis, et qui ont permis à ces derniers de s’enfuir en partie vers la Turquie).
Le seul personnage de la vie politique turque qui articule un discours conscient, crédité de 8% des votants à l'élection présidentielle, le kurde Selahattin Demirtas, a beau jeu d’interpeller le gouvernement sur le fait que si ce n’était ni des Yezidis, ni des kurdes, qui étaient ainsi agressés, mais par exemple des azeris, on s’agiterait plus.
Je me risque à penser que le peu d’empressement à faire quelque chose d’utile - et cela au détriment des intérêts à très court terme de la Turquie qui se retrouve avec un si funeste voisin - finira par prendre le gouvernement turc par les couilles. En attendant, quel spectacle pourra-t-il servir à ses insistants « alliés » pour faire preuve de sa bonne volonté ?



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