mercredi 29 octobre 2014

Catastrophe minière (épisode...)

Dans les montagnes du Taurus, au sud de Karaman, à Ermenek, une inondation s’est produite dans les galeries d’une mine et a bloqué un groupe de mineurs au fond. Il apparait que le gisement était confié à 3 sociétés qui creusaient comme bon leur semblait dans leur périmètre d’exploitation, sans se soucier les unes des autres. Dans les faits on gérait la situation au coup par coup et Il n’y aurait même pas eu de plan de toutes les galeries entre les mains du Ministère de l’Energie et des Ressources Naturelles. En faisant l’impasse sur les galeries abandonnées qui au fil des ans s’étaient transformées en citernes. Dans ce coin enclavé, les villageois du coin étaient de toute manière réduits à accepter des salaires de misère.
Pendant ce temps, les mineurs de Soma (où 301 mineurs ont perdu la vie) avaient programmé une « marche » sur Ankara pour protester contre le non-versement de leurs salaires. 3 autocars avaient été loués et 135 mineurs s’embarquaient à 23 heures pour Ankara. Apprenant la catastrophe ils ont immédiatemment changé de direction pour rejoindre Ermenek et apporter leur aide. A 1h30, le convoi est arrêté par la police à l’entrée d’Usak, avec refus de laisser continuer les manifestants. Les mineurs ont protesté que leur but n’était pas de manifester mais de venir en aide efficacement aux mineurs de Karaman, leur expérience et leur volonté en ce domaine étant devenue par la force des choses supérieure à celle des équipes de sauveteurs officielles. Rien n’y a fait.

mercredi 22 octobre 2014

Arrêt d'Urgence

Les suites de la chute de l’ascenseur sur le chantier d’une tour de 47 étages qui a fait 10 morts il y a un mois. 
Le procureur de la république a préparé l’acte d’accusation qui classe sans suite les poursuites contre les patrons et l’encadrement supérieur du propriétaire et promoteur, Torun Inşaat. Des peines de 4 à 22 ans et demie ont été requises contre 25 personnes parmi lesquels les responsables directs du chantier,  de la boîte d’ascenseurs et de la société assurant le contrôle de la sécurité sur le chantier. Les témoignages des ouvriers en charge de l’ascenseur et qui n’étaient pas en poste à l’heure de l’accident sont sans équivoque et font froid dans le dos. Deux mois d’incidents à répétition, l’ascenseur qui se met à chuter et qu’on arrête en pressant le bouton Arrêt d’Urgence, le boss Emre Torun qui n’avait pas confiance dans l’ascenseur et qui prenait l’escalier lors de ces visites sur le chantier… 

Pour couronner une si belle prestation les Torun ont entrepris d’acheter le silence des familles des victimes en leur versant des sommes de 500 à 700 000 LT ( autour de 200 000 € ) en échange de s’abstenir de porter plainte. 8 des 10 familles concernées ont accepté. Mais cela ne les a pas empêché d’en parler.

vendredi 17 octobre 2014

L'ordinaire

Sur l’avenue Istiklal à Beyoglu un jeune, s’est posté, les yeux bandés et les bras ouverts, avec une pancarte autour du cou sur lequel il était écrit «  j’ai confiance en toi, si toi aussi tu as confiance en moi, enlace-moi ».  Les passants au début n’ont pas répondu à cette invitation. Mais rapidement beaucoup de gens sont venus vers lui pour l’enlacer, et un gros attroupement s’est formé. Alors qu’il ne forçait personne et ne causait aucune menace, les flics sont intervenus et lui ont infligé une amende de 91LT sous prétexte de « trouble occasionnés à l’environnement » (çevreye rahatsızlık verme”)

Aujourd’hui vient de mourir des suites d’un tir de capsule de gaz en pleine tête, une jeune femme de 28 ans vivant à Viransehir. Elle est la 42 ème personne à perdre la vie à la suite de la répression des manifestations de soutien de la semaine dernière aux kurdes de Kobani`.

Durant les manifestations de juin 2013, à Ankara, Ethem Sarisuluk a été tué par un policier, Ahmet Sahbaz, par un tir en pleine tête. Durant la première audience du procès, en septembre 2013, la salle du tribunal, était remplie d’une centaine de flics en civil. Ce voyant les avocats de Sarisuluk demandèrent aux policiers en civil de sortir. Il leur fut répondu « Nous ne sortirons pas, fermez-la » et ils durent essuyer des jets de bouteilles en plastique. Mais devant l’insistance des avocats les flics finirent par sortir de la salle pour cette fois-ci s’en prendre physiquement aux témoins et au public qui attendait dehors. Pendant ce temps l’accusé, Sahbaz, muni d’une perruque et d’une fausse barbe, était introduit par la porte de derrière dans la salle du tribunal, mais comme à ce moment la famille Sarisuluk et ses avocats, sortaient pour aller voir ce qu’il se passait à l’extérieur, ils se sont retrouvés nez-à-nez. Durant l’échaufourrée qui s’en suivit la perruque et la fausse-barbe du policier se retrouvèrent à terre. Il fut évacué et la séance fut suspendue.
Aujourd’hui ce Sahbaz a porté plainte contre la famille Sarisuluk pour insultes et blessures. Le procès vient de s’ouvrir. Ils risquent jusqu’à 10 ans de prison. Sahbaz participera aux débats par téléconférence.

jeudi 16 octobre 2014

un peu de tout dans le genre mauvais malgré les bonnes affaires espérées

 Face à la montée des manifestations violentes dans tout le pays attisée par les innombrables sujets sur lesquels son gouvernement jette de l’eau, le premier ministre Davutoglu a déclaré : 
« Pour chaque TOMA (Véhicule blindé équipé d’un canon à eau) incendié par des vandales on en achètera 10. »
A la suite de cette déclaration l’action de la société Katmerciler Ekipman, fabricant des TOMA, a bondi de 20%. 

40 jours après la chute de l’ascenseur de chantier qui avait couté la vie à 10 ouvriers à Istanbul, la même chose s’est reproduite à Izmir avec 4 ouvriers dans un état très grave.

A côté de Mossoul en Irak un convoi transportant des troupes de l’EI a sauté sur un pont que leurs collègues avaient miné auparavant en prévision d’un passage de peshmergas. 20 djihadistes sont morts et 30 autres blessés. On suppose fortement que le convoi n’en avait pas été informé.


La préfecture de Bolu a décidé de réglementer la libre circulation des personnes entre les régions et les provinces et à en conséquence interdit la vente de billets de bus et d’autocars aux jeunes de moins de 18 ans s’ils ne sont pas accompagnés lors de l’achat par une personne responsable. Sont dispensés de ce contrôle les étudiants munis des documents nécessaires.

200 moutons


Les habitants du village de Aliazera à la frontière turco-syrienne, en face de Kobani, doivent maintenant supporter l’odeur de décomposition des cadavres qui empuantit l’air qu’ils respirent.
« Les militants de l’EI apportent jusqu’aux limites du village leurs propres blessés pour les achever, et ne viennent chercher leurs cadavres que des jours plus tard, a déclaré un habitant. Avec le vacarme des avions et l’odeur de décomposition il nous est impossible de dormir la nuit. Les cadavres restent là 4-5 jours et ça sent pire que des charognes. L’Ei achève ses blessés d’une balle. Auparavant nous dormions la porte ouverte, maintenant on a peur qu’ils viennent jusqu’ici. A vrai dire, on s’est habitués au bruit des avions et des armes. Les enfants, aussi. On a l’impression ici qu’on est comme les spectateurs d’un film. » 

Au milieu de l’incohérence généralisée des comportements je cherche désespérément quelque chose qui ait du sens à traduire, et je crois que j’ai trouvé. Ce n’est pas un bonne nouvelle mais elle a du sens. Dans la montagne dans la région de Karaman, du fait du brouillard et de la pluie, un des moutons d’Ömer Peynirli et de Selim Karaevli est tombé d’une falaise, le reste du troupeau (200 bêtes) voyant cela, s’est empressé de lui emboîter le pas et elles se sont toutes écrasées en contrebas.