samedi 19 décembre 2015

Diyarbakir

Quoi de mieux après la banalité de la vie quotidienne et les tragédies extraordinaires que de profiter de la trêve des confiseurs pour se changer les idées, en partant dans un lieu chargé d'histoire(s).
A quelques heures de Paris la fière cité de Diyarbakir vous offre des séjours dépaysants et à des prix défiant toute concurrence. Ambiance détonante assurée à tout moment.
Quelques photos pour vous mettre en appétit :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153797222928674&set=pcb.10153797224053674&type=3&theater

jeudi 5 novembre 2015

Revenez demain...

Il y a un mois, je me faisais l'écho d'une des innombrables occasions où le pouvoir turc assène ses décisions avec un mépris total de ses concitoyens en démontrant une totale incapacité au dialogue et une sainte horreur du compromis. Le cadre lui, n'était pas banal. Je reprends ici l'article :
"Le village de Tatar köyü (160 foyers ) relié à la ville de Susheri à l’extrême nord-est de la province de Sivas s’est opposé à la captation d’une de ses sources afin d’alimenter d’autres villages. Il y a 5 mois ils ont empêché les engins d’accéder à la source. Hier la firme adjudicataire accompagnée de l’administration régionale et de gendarmes s’est heurté à une barricade à l’entrée du village. Les habitants, hommes et femmes, armés de bâtons ont déclaré qu’il s’opposeraient sans discontinuer à ce projet tant qu’il n’aura pas été modifié de manière à ce qu’une partie de l’eau reste en accès libre. Les négociations n’ayant rien donné, l’ordre de dégager le passage a été donné, à coup de gaz et de canon à eau. Les villageois se défendant avec des pierres. Un gendarme et trois villageois ont été légèrement blessés. Les résistants salement gazés ont été évacués par ambulance vers un hôpital. Les travaux ont commencé sous la protection des gendarmes. Plusieurs villageois sont en garde à vue. "
Je terminais avec cette conclusion : 
" Avec tout ce qu’on sait de la capacité de résignation et de soumission à l’autorité de telles populations, on peut dire qu’il y a quelque chose qui change au royaume du Grand Turc." 
Il se trouve que depuis cette affaire, à ma propre surprise comme à celle de beaucoup, les élections anticipées du 1er novembre ont redonné les pleins pouvoirs à Erdogan. 
Et comment donc ont voté ces villageois qui venaient d'en prendre plein leur gueule de la part du pouvoir en place ? On devrait s'attendre à une protestation exprimée dans les urnes. Les résultats sont éloquents et infirment cette conclusion optimiste. Sur les 182 votants de Tatar Köyü, 155 ont glissé le bulletin de l'Akp dans l'urne, 10 ont voté pour l'ancien parti kémaliste CHP, 8 pour les ultra-nationalistes du MHP, 4 pour les ultra-nationalistes à tendance musulmane plus affirmée du BBP, 2 pour les ultra-religieux du SP, et 1 pour les ultra-nationalistes négationnistes issus de l'ancien Parti Ouvrier  (Vatan Partisi). 
Ainsi la réalité des faits se charge de nous mettre dans la face l'insondable. 

vendredi 2 octobre 2015

Gezi au village

Le village de Tatar köyü (160 foyers ) relié à la ville de Susheri à l’extrême nord-est de la province de Sivas s’est opposé à la captation d’une de ses sources afin d’alimenter d’autres villages. Il y a 5 mois ils ont empêché les engins d’accéder à la source. Hier la firme adjudicataire accompagnée de l’administration régionale et de gendarmes s’est heurté à une barricade à l’entrée du village. Les habitants, hommes et femmes, armés de bâtons ont déclaré qu’il s’opposeraient sans discontinuer à ce projet tant qu’il n’aura pas été modifié de manière à ce qu’une partie de l’eau reste en accès libre. Les négociations n’ayant rien donné, l’ordre de dégager le passage a été donné, à coup de gaz et de canon à eau. Les villageois se défendant avec des pierres. Un gendarme et trois villageois ont été légèrement blessés. Les résistants salement gazés ont été évacués par ambulance vers un hôpital. Les travaux ont commencé sous la protection des gendarmes. Plusieurs villageois sont en garde à vue. 

Avec tout ce qu’on sait de la capacité de résignation et de soumission à l’autorité de telles populations, on peut dire qu’il y a quelque chose qui change au royaume du Grand Turc.



samedi 19 septembre 2015

Ces arméniens, ça pousse comme du chiendent

Suite de  http://le-bon-vent.blogspot.com.tr/.../ah-si-les-turcs...
et de http://le-bon-vent.blogspot.com.tr/2015/09/jubile.html

Le bilan humain des 8 jours de siège de Cizre par l’armée turque :

5 septembre
Sait Çağdavul(18) : tué d’une balle dans la gorge, manoeuvre.
Mehmet Emin Levent(21) : tué d’une balle dans la tête, chauffeur de camion. Enterré le 13 septembre.

6 septembre 
Cemile Çağırga(13) : N’a pas pu être transporté à l’hôpital, est mort sur les lieux des affrontements. Sa famille a conservé deux jours le corps dans son congélateur. Grâce à l’intervention de mandataires de l’HDP on a pu évacuer son cadavre à la morgue.
Osman Çağlı(18): blessé à la jambe, n’a pu être évacué vers un hôpital et a perdu la vie des suites de ses blessures le 7 septembre.

8 septembre 
Meryem Süne(45): mère de 7 enfants s’était rendue dans le jardin de sa maison pour faire ses ablutions avant la prière, atteinte par un projectile à la hanche elle a perdu la vie des suites de ses blessures sans avoir pu être évacuée sur un hôpital.

9 septembre 
Bahattin Sevinik(50): tué par balles dans la rue.
Suphi Saral(47): descendu de 5 balles tandis qu’il cherchait à porter assistance à son voisin ci-dessus.
Özgür Taşkın(18): tué dans la rue tandis qu’il allait chez  son oncle - qui possédait un générateur - pour pouvoir écouter les nouvelles.
Bünyamin İrci(15): frappé à la tête et à la poitrine par balles dans la rue tandis qu’il essayait d’aller chez son oncle pour le ravitailler de pain et d’eau.

10 septembre 
Selman Ağır(10):  frappé au cou, mort durant le trajet en voiture particulière vers l’hôpital.
Eşref Erdin(60): tué dans le dos sur son toit
Zeynep Edin(18) et Maşallah Edin(40) : Zeynep tuée devant chez sa belle-mère, son bébé de 6 mois dans les bras. Sa belle-mère Maşallah  tuée avant d’avoir pu aller à son secours. Par la suite on a ouvert le feu sur le convoi funéraire pour l’empêcher d’aller au cimetière.
Sait Nayci(17): atteint par balles à 9 heures du matin, a perdu la vie à 15 heures à cause de l’impossibilité de faire venir une ambulance.

11 septembre 
Mehmet Erdoğan(74): chiffonnier, persuadé qu’il était trop vieux pour qu’on le prenne pour un guérillero, sorti pour acheter du pain, frappé par balles à la tête dans la rue en rentrant chez lui, Son corps est resté dans la rue jusqu’au matin.

A quoi il faut ajouter 5 personnes qui on perdu la vie à cause de l’incapacité de rejoindre l’hôpital :
Muhammet Tahir Yaramış (35 jours)
Mehmet Dikmen
Mehmet Emin Açık
Hacı Ata Borçin
Hetban Bülbül 





lundi 14 septembre 2015

Ah si les turcs étaient des sangliers !

Un producteur de pistaches d’Afyon n’en pouvait plus de passer la nuit dans son champ pour le protéger des incursions dévastatrices des sangliers et écureuils. Il a eu alors l’idée d’installer un épouvantail sonore avec un ghettoblaster costaud alimenté par batterie.  Après quelques essais peu convaincants avec plusieurs styles musicaux il a trouvé une solution satisfaisante et radicale grâce à la musique « arabesk ».  Il a réglé la radio sur la fréquence d’une station qui en diffuse 24 heurers sur 24 et a mis le volume à fond. Les animaux effrayés ne s’approchent plus des pistachiers et Muhsin peut enfin dormir tranquille dans son lit.

Les agressions contre les kurdes en Turquie sont devenues monnaie courante dans tout le pays. 

Une parmi d’autres : Dans la région de Mudurnu, un groupe de crétins qui se pavane dans les rues avec des drapeaux turcs et en criant des slogans nationalistes tombe nez-à-nez avec 8 travailleurs du bâtiment kurdes et les menace « Vous allez respecter le drapeau (turc) ! ». Suite à la réponse des ouvriers « Que chacun respecte son propre drapeau ! » la rumeur que les kurdes ont brulé le drapeau turc se répand à l’instant dans la ville. Les ouvriers se réfugient dans le chantier de l’école où ils travaillent. Les gendarmes arrivent avec le père d’un « martyr » pour s’interposer et convaincre les excités de se disperser. Aucun effet. Arrive le préfet de la région qui monte sur l’échafaudage et déclare à peu près ceci : « En tant qu’état nous ferons le nécessaire.. Si tout un chacun se met à rendre la justice tel qu’il l’entend où allons nous ? Ne cédez pas à la provocation. » Les dingues protestent et réclament qu’on leur livre les kurdes et tentent d’investir l’école sur le toit duquel sont réfugiés les ouvriers. Les gendarmes tirent leurs capsules de gaz pour disperser la foule. Les excités qui sont rentrés commencent à jeter toutes les affaires des kurdes par les fenêtres tandis qu’on s’agite pour mettre le feu à l’école. Un grand nombre de flics sont envoyés  sur place en provenance des régions avoisinantes et réussissent enfin à encercler le bâtiment et à évacuer les kurdes sous les jets de pierres. Il est 3h20 du matin. Cela fait 7 heures et demie que ça dure.

vendredi 11 septembre 2015

Jubilé

Frappant le parallèle entre l’organisation par les services secrets turcs des pogroms anti-chrétiens du 6-7 septembre 1955 et les attaques orchestrées dans tous les coins du pays contre les locaux du HDP ces derniers jours.  Partout le même mode opératoire a été mis en oeuvre : mobilisation instantanée de tous les jeunes écervelés de la région par les réseaux sociaux, la manifestation commence en général par un geste de dévotion devant le buste d’Atatürk, puis selon le nombre présent ( de moins d’une centaine à plusieurs milliers ) une partie se dirige vers les sièges du parti HDP qui est saccagé après que la police en nombre notoirement insuffisant  se soit fait déborder ( Celà dans le meilleur des cas. Des photos ont été prises sur lesquelles on voit des policiers aider activement les émeutiers)
On brise les vitres à coup de pierres et de bâtons, si on arrive à pénétrer à l’intérieur on saccage tout, accessoirement on y met le feu même si des gens sont réfugiés dedans, en souvenir du bon vieux temps ( incendie de l’hôtel Madimak à Sivas par le même style d’excités en 1993 entrainant la mort de 37 personnes.) Dans tous les cas un grand drapeau turc est suspendu à la place de l’enseigne du parti. 
Les gens impliqués sont majoritairement d’obédience ultra-nationaliste, on trouverait aussi des islamistes.
Dans la vie courante il suffit qu'un crétin gueule dans la rue : "Y'a des gens du PKK" pour qu'aussitôt les gens s'attroupent pour les lyncher. Dans la majorité des cas il ne s'agit même pas de kurdes.
Pendant ce temps l’armée à complètement bouclé la ville de Cizre, coupant l’eau et l’électricité, installant des snipers sur les toits qui tirent sur quiconque se risque à sortir dans la rue pendant que des haut-parleurs diffusent des insultes et des menaces aux habitants terrés dans leurs quartiers (Parmi celles dont j’ai eu connaissance - rappelons que les habitants de  cette ville de plus de 160 000 habitant sont kurdes. : « Vous êtes tous des arméniens, ce sera votre dernière nuit « ) tandis qu’une pluie d’obus s’abat sur la ville.
L’apprenti-sorcier d’Ankara a lâché la bride a des manifestations de haine sanguinaire envers les kurdes, faciles à provoquer mais difficilement controlables.
La plupart des gens assistent, atterrés, a cette guerre civile qui s’installe. 

Le site de rfi semble être en français le plus pertinent en ce qui concerne Cizre

jeudi 23 avril 2015

Centenaire du génocide arménien

Ce 22 avril 2015 se donnait à Istanbul un concert : "In memoriam 24 avril 1915" *, réunissant plusieurs dizaines d'artistes, des turcs turcs, kurdes, mais majoritairement des arméniens venus du monde de la diaspora ou vivants en Turquie. Cela se passait dans l'immense Palais des Congrès d'Harbiye, et chacun dans le public comme chez les artistes était conscient de l'importance de l'événement dans une Turquie officiellement arc-boutée sur son négationnisme. Tout se passa bien, le plateau réuni par les organisateurs - Osman Kavala, mécène éclairé et éclairant et Hasan Saltik fondateur de Kalan Müzik - était de haute tenue, et le public ravi. Il y avait cependant une attitude toute en retenue pour célébrer un si sinistre centenaire qui se mêlait à la traditionnelle inquiétude des arméniens de Turquie au sujet de ce qui pourrait présenter une affirmation de sa différence.
Et comme pour mieux les en convaincre s'installait dans les salles à l'étage inférieur une exposition sur la bataille des Dardanelles dont le président turc a opportunément choisi de fêter le centenaire ce même 24 avril 2015, sans aucune raison historique valable mais avec une raison tactique évidente. Ah ce tact immodéré du Turc...
Photos : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10206816447594670.1073741826.1380434786&type=1&l=c852537e81

*date de la rafle d'Istanbul, considéré comme le lancement du génocide arménien.

jeudi 8 janvier 2015

Wolinski à Istanbul


Le directeur de l’hebdomadaire satirique turc « Leman « Tuncay Akgün , ami de Wolinski raconte : « Nous avions organisé une exposition de lui ici à Istanbul. Il avait envie d’aller voir les conservateurs dans leurs quartiers. Ensemble nous avons été à Carsamba, à Eyüp. Il s’asseyait et dessinait. A Eyüp un fonctionnaire est venu le voir. Il l’a invité à devenir musulman. Il lui a offert un calotte de prières. La rencontre avec ce fonctionnaire religieux fut très agréable. Leur conversation s’avéra très chaleureuse, pleine d’esprit. Ils ont rit ensemble. Au départ nous l’entourions, pour le protéger mais il s’avéra que ce n’était pas nécessaire. Il a dessiné tout ce qu’il voulait avec beaucoup de sympathie. »


http://www.taraf.com.tr/guncel/charlie-hebdo-saldirisinda-oldurulen-wolinski-eyupte-basinda-takkeyle-cizmisti/