dimanche 7 septembre 2014

6-7 septembre 1955

C'est aujourd'hui l'anniversaire de l'agression programmée du 6-7 septembre 1955 contre les non-musulmans d'Istanbul, perpétuée par des groupes d'émeutiers réunis à cet effet dans diverses villes  d'Anatolie  et transportés sur Istanbul. Durant lesquelles 4214 maisons, 1004 commerces et entreprises dont des usines, des hôtels, des bars, 73 églises, une synagogue, 2 monastères, 26 écoles, ont été saccagés. 30 grecs d'Istanbul ont trouvé la mort, 300 blessés, on estime le nombre de viols supérieur à 200. La police non seulement n'a pas défendu les commerces attaqués mais a participé de près à l'organisation.  Le but des dirigeants de l'époque ("Parti Démocrate") était de déclencher ce chaos pour proclamer la loi martiale. Cet événement sonna pour de bon la fin de la communauté grecque d'Istanbul qui émigra en masse.

Assez symptomatique de la persistance des méthodes de gouvernance qui ont toujours fait leurs preuves,  ce matin à Besiktas(Istanbul), un groupe de travailleurs municipaux en grève depuis 50 jours qui tenait un meeting dans un parc en compagnie de leurs familles et de sympathisants, a été attaqué par un groupe de civils amenés sur place par autocars, armés de pierres, de bâtons, et de ceinturons. Ce qui a occasionné plusieurs blessés parmi les participants. A la suite de quoi sont intervenus des forces de police anti-émeute qui ont lancé quelques cartouches de gaz lacrymogène sur les blessés et ceux qui tentaient de leur venir en aide. Pendant ce temps le groupe d'agresseurs a été évacué par des véhicules prévus à cet égard. Aucun membre du groupe agresseur n'a été interpellé.
Afin de mettre un peu de piquant dans cette affaire assez banale en Turquie - d'autant plus aujourd'hui - il faut souligner que Besiktas est un des bastions du premier parti d'opposition (qualificatif à employer avec grosses pincettes) le CHP, célèbre pour son incapacité proverbiale à articuler un quelconque discours crédible qui manifesterait ses capacités à prendre en compte les problèmes récurrents de la société - sans même parler de ceux qui sont plus contemporains - et notoirement aussi corrompue quand l'occasion se présente, que son flamboyant concurrent au pouvoir, l'AKP.
Donc le maire est CHP. Les travailleurs municipaux sont à + de 90 % encartés au CHP. Mais les directives concernant la gestion municipale ne différent en rien de celles d'une quelconque  entreprise. On sous-traite donc le boulot à des boîtes extérieures ("souplesse", syndicalisation faible).
Que le maire fasse intervenir des barbouzes pour intimider des grévistes appartenant à son parti, est vécu avec incrédulité par nombre de manifestants, tandis que d'autres, moins abattus, manifestent leur exaspération. L'intervention des flics, elle, continue.

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