jeudi 13 mai 2010

Istanbul

Enfin Istanbul ! Il ne s'agit pas de soulagement mais la Turquie sans Istanbul manquerait cruellement de sens. La troupe est logée en plein coeur de ce bouillonnement, dans l'ancien quartier alla franga, à 30m de la plus célèbre rue de Turquie : Istiklal Caddesi. On a tant décrit ce quartier (Beyoglu)  que je ne m'attarderais pas à le faire. Disons simplement que 8 mois d'absence n'ont pas été perdus pour tout le monde. Les cafés, restaurants ont colonisé de nouvelles rues et sont en général bondés. La musique et le bruit sont omniprésents. C'est d'ailleurs un des points qui la différencie de la rue européenne : les gens se parlent sans se priver, dans une surenchère illimitée. Cela n'a pas été sans effet sur notre compagnie. Après les tensions du début nous avons appris  à laisser filer les entraves qui ne méritent pas qu'on s'y attarde.  Le plus spectaculaire étant notre accordéoniste  Jasko - d'origine gitane et serbe - plutôt déprimé et peu loquace d'habitude, qui s'est particulièrement épanoui au fur et à mesure de la tournée.
Le développement des possibilités existantes a repris de plus belle. Curieusement, plus de traces de l' atmosphère de crise de l'année dernière, le discours se veut optimiste et confiant dans l'avenir.  Il semble que l'économie turque soit gagnante dans la partie.
Dans le CCF d'Istanbul, situé idéalement en haut d'Istiklal, on accède à un café resto très calme dans une cour fermée de murs,  tel une oasis dans ce quartier d'enfer : très appréciable.  Sur les 4 petites pelouses, la politique culturelle  du CCF a érigé une insignifiante exposition de 4 sculptures muettes d'ennui gargarisé. A l'évidence, les décideurs en France n'ont pas pris la mesure du potentiel d'Istanbul, semblant la considérer comme une vague bourgade et maintiennent en place (on ne sait pourquoi) une direction ridiculisée aux yeux de tous. C'est là que nous avions décidé, par défaut, de jouer malgré les contraintes du plateau riquiqui, avant tout pour sa localisation incontournable.
L'équipe technique, au nombre de deux personnes, fait ce qu'elle peut, avec un zeste de traine-savates, concevable dans le contexte. Aydin, le régisseur en chef, sympathique et nonchalant, est plein de bonne  volonté. malgré son style bougon. Süleyman, sous ses airs d'ours mal réveillé, ne manque pas de finesse. La première représentation - en soirée - nous permet de retrouver les amis qui se sont déplacés pour nous voir. . , et de nous attrister de l'absence de ceux qui nous ont oublié. La première représentation scolaire du lendemain matin est un peu molle ( les nuits sont courtes) mais la seconde est parfaite. Ainsi se termine idéalement la tournée de l'Éléphant dans le Noir en Turquie, et vraisemblablement sa carrière en ce qui concerne l'année à venir.
Le soir,  la Compagnie réussit à trouver  une table dans une petite rue tranquille pour les Derniers Verres. Tous nous exprimons notre satisfaction en riant à gorge déployée même si nul ne peut égaler Jasko, intarissable.
                                                                                                                                              

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